Cette rupture. (1ère partie)

Je pose ça ici, parce que je ne veux pas le mettre sur mon blog habituel, tant pis si ça n'a rien à voir avec ce vieux blog laissé sans suite.


Hier après-midi, j'ai retrouvé un vieux carnet à moi. Du genre journal intime. Du genre déjà bien flippant, parce qu'au début, j'adresse tous mes textes à quelqu'un qui est mort. BONJOUR FOLIE. Déjà, ça m'a fait un choc, parce que je ne l'avais pas vu depuis un moment ce carnet. En plus, mon écriture dedans fait peur. Elle fait peur parce qu'elle est quasi-illisible mais aussi parce qu'elle n'est jamais la même.... Les graphologues s'en donneraient à coeur joie avec moi, je crois. Bon ok. Les psychiatres aussi.


Mais ce n'est pas ce qui m'a le plus traumatisée. Lire ce carnet était ma fausse bonne idée du jour... (semaine? mois ? année ? ) Le début ne m'a pas plus traumatisée que ça, excepté par sa mièvrerie, ses questions et écrits stupides. Mais ensuite, il y a ma rencontre avec l'Ex. Et c'était vraiment une TRES MAUVAISE IDEE de lire ce que j'ai écrit sur nous à l'époque.


T'as déjà vécu une sorte d'amour "fusion", le machin "passionnel" qui finit par complètement te bouffer, Lecteur, Lectrice ? Un truc genre super glauque. Un truc où tu trouves que c'est tellement beau que t'en chiales et que ça te fait mal. Quand t'es avec la personne t'as mal de ton bonheur (ouais, je sais, c'est euh... chelou ? pathétique ? niais ? ) Et quand elle n'est pas là, c'est pire. Ou l'inverse.

Bref, j'ai donc vécu un truc comme ça avec ce mec-là. J'ai sincèrement longtemps pensé que je m'en relèverais jamais, jusqu'à assez récemment. Et maintenant il m'arrive encore de penser que je pourrai vivre avec (C'est pas trop tôt !) mais que ça me fera toujours mal. Ca fait pourtant plus de 5 ans et demi que cette histoire est finie.

 

Relire les débuts de ce truc, c'était TRES spécial. Ca m'a fait chialer. Je saurais pas expliquer chialer sur quoi... Sur moi, sur nous, sur cette relation, sur la douleur qu'elle a été, sur le bonheur qu'elle a été, sur l'horreur après la rupture, sur le fait que ça joue toujours sur ma vie. .. Ou tout à la fois. Je ne sais pas.

 

Cette relation ça a été à la fois l'enfer et un bonheur indescriptible. Ca a duré 3 ans. Ca ne pouvait que finir mal, je crois. Je ne vivais pas quand il était absent. J'étais complètement dépendante affectivement.
Or j'étais à Lyon à l'époque. Et lui à Besac. Donc forcément, pour la proximité on repassera. Je ne sais pas si c'est ça ou autre chose, mais c'est à cette période que j'ai fait ma dépression. J'ai arrêté d'aller en cours, j'ai arrêté de sortir, je ne vivais plus que pour le voir le week-end. Et puis, comme il était militaire, il a dû partir en mission à l'étranger.
Et ça a été l'enfer puissance 10 000. Parce que j'ai plus eu de nouvelles, parce que c'était la guerre là où il était...


J'étais pas belle à voir au bout d'un mois. J'ai tout arrêté, tout plaqué, je suis rentrée chez mes parents...
Au moins ici il y avait les lieux qu'on fréquentait tous les deux, il y avait son souvenir dans les lieux et d'autres conneries du genre. Assez pathétique...

 

En parallèle, mes troubles alimentaires augmentaient, prenaient une place encore plus importante dans ma vie. Ils étaient pourtant déjà là avant lui.  Et puis il y avait le sentiment d'échec d'avoir laissé tomber mes études et ma vie à Lyon. Mais j'ai fait un peu semblant que ça allait.

  A penie rentrée, j'ai fait l'inverse de Lyon, je sortais tout le temps. Je ne supportais pas d'être revenue chez mes parents. Je me biturais la gueule en permanence, je jonglais plus ou moins astucieusement avec les drogues légales et illégales, une petite plaquette d'anxio par-ci, un petit rail par-là...

J'ai fait semblant d'avoir des projets et envie de me remettre à bosser, pour la façade. J'ai trouvé un boulot merdique et au black (pour changer) dans un café où la patronne m'exploitait. Je bossais, je me défonçais la tête dans des soirées ou seule, je ne dormais pas, je ne mangeais pas, je vomissais, je retournais bosser et je recommençais mon cycle autodestructeur. Le grand n'importe quoi.

 

A côté de ça, j'ai rencontré le Mââle dans mon bar de prédilection, on s'est liés d'une sorte d'amitié assez rapidement. Je crois qu'on était tous les deux un peu cassés et qu'on s'épaulait en quelque sorte. Je dormais chez lui quand rentrer était trop dur... Il me surveillait quand j'étais stone et je le rassurais sur le fait que sa vie avait encore un sens et un avenir.
Quand j'étais défoncée, je tentais de baiser avec lui et il me rappelait que je ne le voudrais pas à jeûn et que donc non, c'était pas possible, qu'il voudrait bien mais que ça lui donnait l'impression d'abuser de ma situation.

Pendant ce temps-là, j'avais (enfin !) quelquefois des appels de quelques minutes... Où l'Ex semblait avoir du mal à parler, être bourré... J'en ai retrouvé un dont j'avais retranscris des morceaux presque amusants à l'époque, ça vous donnera un exemple.

 

"T'es la femme de ma vie, d'tout' manière, j'veux que ça soit toi la femme... euh oui, la femme de mes enfants..."
"Euh... La mère... ? "
" Chut ! Pis, d'tout' manières t'as pas le choix ! C'est moi qui décide... Pis mon destin l'est tout tracé, pis normalement l'tien aussi... Ca s'ra toi la femme... Euh, non... Euh, oui, la femme de mes enfants... Pis moi j'serai ton mari... pis toi tu seras ma mère, euh, non ma femme..."


"Pis, quand j'rentre, j'ai prévu des trucs que j'veux faire avec toi... Pis, j'veux rester avec toi toute ma vie, jusqu'à ce qu'on soit morts et enterrés, pis même après, d'toutes manières, on s'ra au paradis, comme des p'tits oiseaux..."

"Euh... Au paradis, rien que ça ?... Hmm..."

"J'te dis que j'vais plus te lâcher, j'vais passer ma vie avec toi, pis t'as pas le choix... Sauf, si là tu me trompes... Ben si tu me trompes une seule fois, ben, euh, ça s'ra, euh... Ben ça s'ra la seule fois... Après tu pourras plus le faire..."

 

Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi il était dans cet état quand il m'appelait. Ca me faisait à la fois rire, peur et plaisir, parce qu'enfin j'avais quelques nouvelles et qu'il m'aimait toujours. Et il y avait sa mère qui m'appelait pour avoir des informations parce qu'elle n'en avait absolument aucune... Je ne savais pas quoi lui dire... Je disais qu'il avait l'air fatigué, mais que ça allait, j'allais pas lui dire qu'il était bourré ou drogué, c'était impensable de lui dire ça... Ca me fichait une pression terrible en plus du reste.

 

Et un jour j'ai flanché. Mes parents voulaient que je rentre, j'étais quasiment plus chez moi. Tout le temps dehors, au boulot ou chez le Mââle. Alors ils m'ont posé une sorte d'ultimatum. Je devais rentrer et m'expliquer. M'expliquer sur l'arrêt des études, mon absence, le fait qu'ils aient l'impression que j'étais alcoolique. Ma mère hurlait qu'elle n'avait pas mérité ça, que j'étais qu'une ingrate, que j'avais tout pour être heureuse et que je foutais tout en l'air.
J'étais chez le Mââle et j'ai déconné. J'ai profité de son armoire à pharmacie particulièrement bien remplie et de ce que j'avais en ma possession. J'ai fait un joli cocktail. J'ai tout noyé dans la vodka. C'était stupide. Le Mââle avait fait à dîner et je le regardais manger en continuant de boire. Et j'ai commencé à me sentir mal. Après, je ne sais pas. Sauf ce que le Mââle m'a raconté et des flashes confus. Il s'est inquiété, il a dit que je lui avais marmonné des trucs du genre "pardon". Bref. Pompiers, urgences and co. Des souvenirs horribles dont je sais pas s'ils sont délirants ou réels. Le Mââle a dû prévenir mes parents, forcément, qui, eux, ont dû prévenir ma patronne. J'ai eu une consult psychiatrique de sortie. J'ai beaucoup parlé, je crois que c'est la seule fois où j'ai eu l'impression d'être écoutée par le corps médical. Tout était trop compliqué à raconter, tout était imbriqué. Les troubles alimentaires, les abus quand j'étais môme, le viol, ma relation actuelle, mes dépendances.


Ensuite ? Bah rien. J'ai démissionné. J'ai végété en attendant. Quoi ? Je ne sais pas. Le retour de l'Ex ? Avec mes parents qui me surveillaient. En continuant mes sorties, mais en diminuant la défonce... A la place j'avais droit aux anti-dépresseurs. J'ai eu l'Ex au téléphone, j'ai hésité à lui dire. Finalement j'ai marmonné que j'avais fait des bêtises en refusant de dire quoi, mais que ça allait maintenant. De toutes façons je ne sais pas vraiment s'il pouvait entendre ou comprendre quoi que ce soit.

 

Et puis, je ne sais pas trop... La vie a continué... Je sais juste que j'allais toujours chez Le Mââle et qu'il a fini par céder à mes avances un soir d'alcool. C'était moche comme façon de faire. Pour moi ça restait juste l'ami avec qui ça m'avait fait du bien de baiser. Point barre. Pour lui, je crois qu'il espérait plus.

 

(la suite sur une autre page.)

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